Les deux joueurs du XV de France sont actuellement accusés de viol aggravé, ce qui soulève des questions sur la culture de virilité qui règne dans le monde du rugby.
La soirée de la troisième mi-temps s’est terminée tragiquement pour deux rugbymen français, Oscar Jegou et Hugo Auradou, mis en examen pour viol aggravé suite à la plainte d’une femme dénonçant des violences subies dans leur hôtel à Mendoza, en Argentine, après un match du XV de France. L’avocate de la plaignante a décrit une nuit de « violence démesurée », soulignant que « le corps de la victime parle de lui-même ». Alors que les deux joueurs, affirmant une relation consentie, ont été placés en résidence surveillée après leur sortie de prison le 17 juillet, les auditions des témoins se poursuivent à Mendoza.
Les valeurs de l’Ovalie, un « argument marketing »
Selon le président de la Fédération française des supporters de rugby, Franck Lemann, de tels comportements ne correspondent pas aux valeurs du rugby, partagées par les acteurs institutionnels du monde du ballon ovale. Carole Gomez, spécialiste de la géopolitique du rugby, souligne que si ces faits atroces sont avérés, ils seraient contraires aux valeurs de l’Ovalie, basées sur la discipline, l’intégrité et le respect. Cependant, la pratique du sport ne véhicule que les valeurs que la société lui attribue, faisant des valeurs du rugby un argument marketing pour les clubs et les fédérations.
De nombreuses affaires de violences envers les femmes
Cette affaire n’est malheureusement pas un cas isolé dans le monde du rugby. Des cas de violences conjugales et de comportements inappropriés ont été signalés chez d’autres joueurs, condamnés pour des actes incompatibles avec les valeurs du sport. Les institutions sportives ont souvent réagi en conséquence, mais parfois les joueurs ont été réintégrés malgré tout.
« Culture viriliste »
Le rugby, loin du mythe de sport pratiqué par des gentlemen, est imprégné d’une culture viriliste où la domination et l’affirmation de soi sont primordiales. Les contacts physiques permanents sur le terrain participent à cette culture, renforcée par les rituels de la troisième mi-temps, où les excès et les violences peuvent parfois avoir lieu et être minimisés en interne.
« Des espaces de déviance intégrés au rugby »
Les excès et les violences lors de la troisième mi-temps font partie intégrante de la culture du rugby, favorisant la création de liens et de solidarités au sein des équipes. Les femmes présentes lors de ces moments festifs peuvent être objectifiées et réduites à un rôle de « pièces rapportées », participant à des échanges sexuels qui font partie de la culture de la quatrième mi-temps.
« Le vernis se craquèle »
La consommation excessive d’alcool lors de ces soirées peut être un facteur aggravant de ces comportements, contribuant à une mise en danger de soi et des autres. La culture du viol, présente dans toutes les sphères de la société, peut également se manifester de manière exacerbée dans le monde du rugby.
Source de l’article : Francetvinfo